La destinée des étoiles / La destinée est inscrite dans les étoiles

C'était lui. Je l'avais vu dans mes rêves. Enfin... Dans mes prémonitions plutôt. C'était écrit dans les étoiles... Complètement absurde. Comme si des étoiles pouvaient décider d'avec qui je devais être. J'en aimais un autre depuis aussi longtemps que je m'en souvenais. C'était le seul que je voyais. Le seul pour qui j'aurais pu tout abandonner. Le seul à qui j'aurais pu tout donner. Et voila que j'étais là, en face de cet inconnu que j'avais pourtant si souvent vu. Et j'étais déboussolée. Perdue. Pourquoi avais-je cette soudaine impression que la terre ne tournait plus rond et que mon monde s'écroulait? Je ne le connaissais pas mais les étoiles avaient parlé. Je l'avais vu. J'avais même cessé de compter le nombre de fois où je l'avais croisé dans le monde imaginaire qu'étaient les rêves. A chaque réveil, je me retrouvais seule dans mon lit, en sueur, le coeur battant et avec ce sentiment étrange d'être folle. Car même si je ne me l'avouais pas, j'avais envie de rencontrer cet homme, de le voir ailleurs que dans ce monde virtuel. Aujourd'hui, ce moment tant attendu au plus profond de moi-même, mais aussi le moment que je craignais le plus venait d'arriver. J'y étais. Nous y étions. C'était ici et maintenant. Dans cette forêt. Un silence pesant régnait. Depuis que nous nous étions retrouvés nez-à-nez, aucun de nous deux n'avait prononcé un quelconque mot, une quelconque parole. Mes muscles étaient tendus et la peur s'était quelque peu emparée de moi. Je ne comprenais rien. Il me fixait, tel un prédateur fixant sa proie. Personne ne bougeait. Ses yeux sombres posés sur moi, j'avais le coeur qui battait la chamade dans ma poitrine. Il battait tellement fort que j'avais peur qu'il ne sorte de mon corps ou qu'il ne s'arrête, tout simplement. Comment pouvais-je ressentir de telles choses pour cet étranger alors que j'aimais Lucas depuis tellement longtemps? Et pourquoi fallait-il qu'il vienne dans ma vie maintenant, au moment où je pensais que tout allait s'arranger? Prise de panique, je ne pouvais plus rester ici. Ce n'était plus possible. Trop d'émotions se bousculaient dans ma tête. Je savais que si je restais, je finirais par devenir totalement folle. J'avais besoin de prendre de la distance, et de cet homme, et de Lucas. Je devais réfléchir, loin et surtout seule. Je devais tenter de comprendre ce qu'il m'arrivait. Je reculai de quelques pas, sans le lâcher du regard puis je tournai les talons et m'enfuie en courant, comme une lâche. C'était peut-être ce que j'étais mais je n'avais simplement pas le courage d'affronter tout ça de cette manière, sans avoir réfléchis avant... Je n'étais pas prête... Pas encore.

Je courrais, sans réaliser où j'allais. Même si j'avais voulu voir où j'étais, ça ne m'aurait pas été possible, mes larmes me brouillant totalement la vue. Mes pas m'emmenaient je ne savais où tandis que je pleurais. Quelle idiote je faisais. Lorsque je m'arrêtai enfin et que je relevai mes yeux, je reconnu l'endroit. Lucas. J'étais juste devant chez lui. Inconsciemment, mon index droit alla appuyer sur la sonnette, tremblant. Je savais que c'était lui qui viendrait m'ouvrir; ses parents travaillaient. Il ne mit pas longtemps à arriver à la porte.

« Cali? Qu'est-ce-que tu as? »

Évidement, il avait vu que j'avais pleuré. Mes yeux tout rougis me trahissaient. Le sourire qu'il avait en ouvrant cette porte s'était effacé à la vue de mon état. Sans répondre, je sautai à son cou. Je sentis alors ses bras protecteurs se placer autour de moi, ses mains chaudes se posant dans mon dos. Les larmes se remirent à couler, retraçant une nouvelle fois les anciens sillages des larmes précédentes. Je fermai les yeux et restai ainsi quelques secondes avant de lui murmurer à l'oreille:

« Est-ce-que tu m'aimes...? »

S'il ne m'avait pas encore prise pour une folle, ça ne devrait pas tarder. Il me serra plus fortement contre lui avant de me répondre de sa voix si calme, posée et sincère:

« Bien sûr que je t'aime. Mais qu'est-ce-qui ne va pas? Parles moi, Cali... »

Je ne répondis toujours pas. Je ne pouvais pas lui en parler. Pas maintenant. Je devais avant tout comprendre certaines choses. Je finis par me reculer et le regarder droit dans les yeux. Son pouce vint essuyer les larmes coulant sur mes joues. Il était tellement présent pour moi tandis que moi, la seule chose que je trouvais à faire c'était le mettre de côté comme ça. J'étais égoïste. Il avait le droit de savoir mais je ne pensais qu'à comprendre ce qu'il m'arrivait. C'était injuste pour lui. Je repris la parole:

« Promets-moi de ne jamais oublier que je t'aime et que je t'aimerais toujours... »

Il me regarda avec des yeux remplis d'interrogations. Sa main caressait ma joue, il ne lâchait pas mon regard.

« Je te le promets mais dis moi ce qu'il... »

Je ne le laissai pas finir. Je l'embrassai rapidement et amoureusement, avant de reculer et de m'enfuir une seconde fois en courant. Je le plantais là. J'étais vraiment une piètre petite-amie. Il avait tout accepté, il m'avait soutenue depuis le début et moi je ne trouvais rien de mieux à faire que le planter là sans lui fournir une seule explication. Cette fois, je savais où j'allais: chez moi. Mes parents travaillaient aussi. Je montai directement dans ma chambre. J'avais forcément du rater quelque chose depuis tout ce temps. Il fallait que je retourne au premier jour, le jour où tout avait commencé. Je pris mon journal intime puis j'allai m'installer sur mon lit. Je l'ouvris à la date du 17 mars, le jour où toute ma vie avait changée. Je plongeai doucement dans mes souvenirs, à la recherche de ce qui m'avait exactement amenée à la situation que je vivais aujourd'hui...